Méditation, spiritualité et religion

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Qu’est-ce que la réalisation de Soi ?

Pour  Carl Gustav Jung, le Soi englobe le conscient et l’inconscient et regroupe ainsi la personnalité d’un homme. « Le Soi est aussi le but de la vie car il est l’expression la plus complète de ces combinaisons du destin qu’on appelle individu » écrit Jung  dans La dialectique du moi et de l’inconscient. L’objectif de toute vie est d’atteindre une harmonie entre le conscient et l’inconscient, c’est-à-dire l’harmonie du Soi. Le but de la méditation est de réaliser qui nous sommes vraiment au cœur de notre être. La philosophie du yoga dit qu’il y a deux niveaux différents pour notre moi intérieur : notre moi mental ou émotionnel et notre moi spirituel.

Le moi mental est parfois appelé l’esprit individuel. Il est limité car il est fortement associé à notre corps physique limité et est la cause du sentiment « Je suis cette personne individuelle » – notre ego. Mais notre véritable conscience de soi provient de notre connexion à une forme de conscience plus large et plus subtile. La philosophie du yoga dit qu’il y a dans notre esprit un reflet d’une forme de conscience infinie, qui sait tout. Cette Conscience Infinie est immuable et éternelle, et est au cœur de notre véritable Soi spirituel.

Lorsque nous nous identifions au petit moi centré sur l’ego, on appelle cela la réalité relative, car ce petit moi est enclin au changement et à la mort. Mais lorsque nous réalisons qu’il y a une réalité plus subtile et permanente derrière le moi relatif et que nous voyons que notre vraie nature est une pure Conscience illimitée, cela s’appelle la Réalisation de Soi.

Quelle différence entre la prière et la méditation ?

J’ai reçu dans mon enfance une éducation catholique traditionnelle. Dès mon adolescence, j’ai lu des ouvrages de philosophie orientale zen puis jeune homme j’ai côtoyé des gens de diverses cultures qui m’ont ouvert à des points de vue nouveaux pour moi. Puis j’ai pratiqué le yoga avec plusieurs professeurs qui m’ont enseigné différentes sortes de méditations basées sur la concentration et des visualisations. Ces méthodes me semblaient limitées mais je restais ouvert à toute autre approche. Le pratiquant de yoga doit se sentir à l’aise avec son professeur, non seulement sa méthode d’enseignement mais aussi son comportement et sa philosophie de vie. Toute pratique spirituelle s’appuie sur la morale. Gardons cependant à l’esprit que la conduite morale n’est pas le but ultime d’un cheminement spirituel.

Je pense qu’il est très probable que tous les grands maîtres spirituels ont pratiqué une forme ou une autre de méditation spirituelle et ont initié leurs plus proches disciples à cette pratique. C’était leur précieux « enseignement intérieur ». Mais souvent, au fil du temps, cette partie ésotérique de leurs enseignements s’est perdue ou a été diluée, leurs disciples ultérieurs n’ayant plus que leurs enseignements extérieurs sur la moralité et la philosophie. Mais la clé pour comprendre et intégrer ce que ces individus éclairés ont réalisé a toujours été, et restera toujours, la méditation spirituelle.

Au fur et à mesure de l’évolution de la société, les gens ont progressivement réalisé qu’il devait y avoir un seul pouvoir directeur derrière toutes ces forces de la nature, et les religions monothéistes ont émergé avec la croyance en un seul Dieu. Mais la relation était toujours basée sur la peur, la flatterie, l’apaisement et les tentatives de persuader Dieu d’accorder des faveurs aux individus. Certaines prières religieuses en témoignent encore aujourd’hui.

Sur le plan philosophique, il est illogique de prier Dieu pour demander quelque chose ou de demander à Dieu de faire quelque chose, même pour quelqu’un d’autre. Selon toutes les écritures théistes du monde, Dieu est un être omniscient et infiniment bienveillant (« Dieu est amour ») qui sait déjà si la mère de quelqu’un est malade ou si quelqu’un est malheureux. Dire à Dieu comment il doit diriger les humains et l’univers semble pour le moins inapproprié.

La méditation n’est pas que de la relaxation, de la visualisation ou de l’imagerie mentale. Après mon initiation à la méditation par un acharya (moine yogi instructeur de méditation), je n’ai pas pu m’empêcher de ressentir de plus en plus la présence d’un Être infini. Je n’aimais pas le mot « Dieu » à cause des centaines de connotations négatives ou dogmatiques qu’il contenait. Mais il est bien difficile d’éviter les mots et leurs limitations.

Dans la philosophie du yoga, il est dit que puisque la Conscience Infinie nous a tout donné, nous ne devrions rien demander à cette Entité. Mais si nous devons demander quelque chose, nous devrions seulement demander plus d’amour pour Dieu, ce que l’on appelle également la dévotion (bhakti yoga). « La dévotion est identique à l’amour. Ce qui rend l’esprit doux et si fort et vigoureux qu’il peut se maintenir dans un état d’équilibre même dans la douleur, et qui crée perpétuellement un sentiment agréable en son sein, s’appelle l’amour« . (Shrii Shrii Anandamurti)  

Tant qu’elle est basée sur une conception dualiste de Dieu, c’est-à-dire que les êtres humains et Dieu sont séparés par nature, la prière ne peut être considérée comme une méditation. La méditation spirituelle n’impose aucune limite à notre réalisation. C’est une pratique non dualiste, et son but est de fusionner notre sentiment intérieur du « Je » avec la Conscience Infinie. Lorsque le moi unitaire est associé au cosmique, il est appelé « dévotion », mais lorsqu’il est associé au matériel, il est appelé « attachement ».

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