N’est-ce pas égocentrique de rester assis à méditer alors qu’il y a tant de souffrance dans le monde ?
Cela pourrait l’être. Cela dépend plutôt de ce que vous feriez si vous ne méditez pas. Si la réponse est « regarder la télévision », il faudrait aussi méditer. Mais si cela signifie que vous négligez votre famille, ou que vous vous en servez comme excuse pour éviter de faire quelque chose pour les autres, c’est une autre affaire. Le but n’est pas que nous passions le reste de nos jours à rechercher l’extase. La pratique de la méditation et la vie de famille et professionnelle ne sont pas incompatibles. Tout en faisant nos pratiques yoguiques quotidiennes, mon épouse et moi avons élevé nos enfants dans deux cultures différentes. Ils sont maintenant autonomes et heureux dans leur situation.
Le spiritualiste sincère veut atteindre la liberté, pour cela il/elle doit pacifier la grande force de la nature qui s’exprime à l’intérieur. Puis cette force l’aide à transcender ses limitations. Cependant, rester assis à méditer tout le temps n’est pas envisageable car les circonstances de la vie et le chuchotement intérieur nous rappellent à nos devoirs d’être un meilleur humain. Il ne s’agit pas seulement de connaitre les principes généraux d’une bonne conduite, il faut les implémenter en soi, se détacher des résultats de l’instant, bons ou mauvais mais persévérer. Certes chercher à être mentalement pleinement présent, en alignement Corps-Esprit- Conscience suprême est facile à dire mais si vous prenez l’habitude de porter votre attention sur ce qui vous arrive de bien dans la vie, vous allez ouvrir votre cœur à ce que la vie a à vous offrir.
La psychologie positive montre que l’altruisme, la générosité, l’investissement personnel envers les autres est une véritable source de bonheur durable. Le docteur Stephen Cole, professeur de médecine à l’université de Californie à Los-Angeles a montré que l’effet n’est pas le même selon la cause de notre bonheur : Le plaisir que l’on éprouve à être bienveillant envers autrui est beaucoup plus puissant que le plaisir hédonique. Car dans ce cas, on observe une faible expression des gènes pro-inflammatoires et une forte expression des gènes antiviraux, permettant la fabrication d’anticorps.
Être centré seulement sur soi, n’est pas une solution car «L’enjeu majeur dans nos sociétés aujourd’hui est de (re)tisser des liens à soi, aux autres et à la nature pour réparer ensemble le tissu déchiré du monde » (Abdenour Bidar – Les Tisserands, 2016). Mieux on se connait soi-même et mieux on peut connaitre les autres et ainsi mieux les aider. Ce à quoi Shrii Anandamurti ajoute : « c’est le devoir de chaque aspirant spirituel de s’efforcer d’amener les autres sur le chemin de la félicité. En fait, conduire autrui à la voie juste est une partie intégrante de la pratique spirituelle ».
Méditer en groupe permet de lâcher sa surcharge mentale accumulée à cause des tribulations de la vie. Les méditations collectives permettent de recharger ses batteries, d’acquérir plus d’énergie vitale et spirituelle. Les retraites spirituelles rassemblant des centaines de personnes aident à trouver plein d’idées pour alléger les souffrances de personnes vivant près de chez vous, ou celles d’autres peuples plus loin. Par exemple, des victimes de catastrophes naturelles dans votre région ou dans un autre pays. Ou parrainer des enfants pour résoudre les problèmes de faim dans la monde. Ou encore contribuer à l’ouverture et au fonctionnement d’école dans des villages d’Afrique, d’Asie du sud ou d’autres continents. Quelle que soit la couleur de peau, l’origine géographique ou sociale, le niveau d’éducation, tout individu a droit à la dignité et à un rôle important dans la société.
