Pour une libération définitive de tout ce qui nous plombe le moral, pour la reconstruction d’un monde durable, nous devrions mettre en pratique une spiritualité avec une approche novatrice appliquée sans dogme. Une des tâches les plus urgentes est de multiplier les efforts vers un Nouvel Humanisme. Cela devient possible au 21ème siècle avec les progrès de la science à condition d’exercer convenablement la raison et la créativité. Pour cela, il y a lieu de favoriser l’émergence d’une conscience éthique globale et spirituelle qui permettra à tous de vivre correctement sur notre planète sans sacrifier la capacité des générations futures à répondre à leurs besoins vitaux. Pour arriver à ce renouveau collectivement, des étapes sont à franchir.
Comment élargir la périphérie de son esprit ?
Un de mes amis, grâce à son travail de recherche en doctorat, s’était rendu compte que le changement venait d’une nouvelle façon de voir le monde, et il commença à chercher des outils pour la transformation de la conscience et devint professeur de méditation. Lorsqu’il comprit que seul un changement de conscience permettrait de changer quelque chose dans notre monde, il demanda à son maître comment accélérer le processus d’expansion de sa conscience en plus de la pratique et de l’enseignement de la méditation. Il lui répondit les êtres humains veulent passer du brut au subtil. Dans tous les domaines de la vie, ils recherchent le subtil dans le brut. C’est ainsi qu’ils progressent. Il ajouta : Ne mange que de la nourriture sattvique ; fais plus de kirtan et de service pour l’Humanité.
Actuellement beaucoup de gens sont accaparés par les réseaux sociaux internet, on devrait plutôt dire asociaux : Ils nous enferment dans des bulles cognitives, ils nous rendent anxieux, solitaires, on « se troll » derrière son écran et son clavier. A l’inverse, il faut créer des connexions profondes entre les êtres avec du ressenti car ce que nous pensons nous sépare alors que ce que nous ressentons nous permet de nous identifier les uns aux autres. Dans mes relations professionnelles et les rencontres durant mes activités culturelles, je constate que la tendance de nos jours est que le « je pense, donc je suis » cartésien est souvent substitué par un « je sens, donc je suis » montrant ainsi le développement de la sensibilité chez les individus. La grande bataille idéologique d’aujourd’hui, c’est entre l’individualisme et l’altruisme rationnel. L’état d’esprit pour vivre dans un monde de renaissance devrait être : « j’ai intérêt à ce que les autres soient heureux ».
La compréhension des yogis, des taoïstes et même des théories de la science actuelle se rejoignent pour dire que ce qui se passe dans le monde extérieur est le reflet de ce qui se passe dans le monde intérieur. « Un être humain peut acquérir une force mentale incommensurable grâce à sa culture intellectuelle mais dans le domaine de la spiritualité, il n’y a pas de limite du tout. La force spirituelle qu’une personne peut acquérir est non seulement incommensurable, mais aussi infinie. Cette chance spéciale n’a été garantie qu’aux êtres humains par l’Ancêtre suprême. Ainsi chaque personne devrait tirer le meilleur parti de ce monde » (Shrii Anandamurti-Discours à Manille, 1969). Nous pouvons alors changer notre mode de fonctionnement pour passer par exemple d’un paradigme contrôler et prédire à un paradigme neo-humaniste ressentir l’amour pour tous les êtres créés et s’ajuster au monde tel qu’il est.
J’ai la conviction que nous sommes tous des êtres créatifs même sans le recours à l’Intelligence Artificielle qui doit rester seulement un outil. L’expression de cette créativité pure est une voie fondamentale vers un mieux-être global dans le monde. La créativité peut être très utile dans tous les domaines de la vie pourvu qu’elle soit au service de l’innovation frugale et du service à l’humanité, lequel rend humble et gomme les différences sociales, ethniques etc.
L’hétérogénéité n’est qu’apparente car essentiellement il n’y a qu’homogénéité. Par exemple au Moyen-Orient, vivent des musulmans, des juifs, des chrétiens, des sémites et des noirs mais tous sont de la même origine divine. C’est seulement parce qu’ils sont guidés par des dogmes que les gens pensent en termes d’hétérogénéité. L’aspirant spirituel qui veut s’établir dans la sérénité suprême doit lutter contre les croyances limitantes en développant sa connaissance rationnelle des réalités transcendantes et des choses en elles-mêmes. Cette connaissance s’acquiert à la fois par l’observation de sa vie intérieure et par l’action dans le monde qui permet de vivre une expérience qui nous fait être.
Lise Bourbeau (Fondatrice de l’école Ecoute ton corps – auteure de 25 livres) nous dit qu’une personne spirituelle accepte que tout ce qui l’entoure est une expression divine qui s’exprime à travers tout ce qui vit. Une personne spirituelle est une personne qui apprend à se connaître à travers ce qu’elle voit et observe autour d’elle et chez les autres, et ce, sans jugements ni critiques. Cela revient à diminuer l’importance de notre personnalité (ego) pour laisser la place à la partie divine en soi de s’exprimer. Chacun trace son chemin selon sa mission d’âme, même si parfois il est parsemé d’embûches, il y a une raison à cela.
L’expérience des chercheurs de vérité montre qu’élargir son esprit nécessite quelquefois une lutte intérieure comme le ferait un guerrier pacifique pour s’affranchir des limitations physiques et contre tous les dogmes psychiques. Si nos doutes, notre tristesse et nos angoisses, loin d’être uniquement des obstacles à notre bonheur, pouvaient devenir des tremplins vers la liberté et la joie ?
L’enseignement du Vidya Yoga nous dévoile les étapes de ce cheminement, notamment à travers la pratique de la méditation de la voie tantrique. Pas à pas, nous apprenons à regarder en face les émotions qui nous perturbent et à reconnaître le potentiel illimité qui gît en chacun d’entre nous.
Dans ce sens, Shrii Shrii Anandamurti (nom spirituel de P.R. Sarkar) nous rassure : « Les obstacles sont les forces qui vous aident à atteindre votre but ». Cette phrase est difficile à comprendre au premier abord, cependant on peut concevoir cette idée dans l’intériorité de la vie spirituelle car les obstacles stimulent une puissance créatrice qui nous permet de nous créer nous-mêmes dans une communion vivante avec les autres et dans le respect de l’éthique. Dès lors que l’être humain suit son évolution naturelle vers un état de spiritualité sans cesse plus profond, la société humaine est une et indivisible (3).
Le réalisme fait que personne aujourd’hui n’a l’impression de maîtriser son destin. Tout s’accélère, y compris l’opportunité d’éveil. Nous avons tous la capacité de s’adapter, les progrès acquis par chacun en ces temps difficiles sont démultipliés. Il est parfois ardu de gérer nos difficultés, on peut toujours se référer à la sage formule aide-toi, le ciel t’aidera tout en sachant que l’intention c’est l’attention portée vers un futur qui peut être incertain ou dangereux. Créons alors les conditions de la réalisation de nos intentions par les bonnes actions. Les solutions peuvent venir à nous par une pratique régulière intériorisation, ou d’une lecture ou d’un dialogue authentique avec quelqu’un. En pratiquant l’écoute active, neutre mais empathique, en apportant de la nuance dans nos propos, on rend la complexité plus abordable. Pour cela faisons un usage rationnel de notre intellect sans limiter notre champ de pensée, toutefois en restant en conformité avec notre véritable nature humaine dont l’essence est pure félicité et l’expression d’amour universel.
Lorsque notre raisonnement logique a atteint ses limites, libérons notre intellect, écoutons notre voix intérieure pour prendre de meilleures décisions ; prêtons attention aux signes que nous envoie l’Univers, ces synchronicités qui arrivent dans la vie de chacun.e, ils nous amènent à garder confiance qu’un monde meilleur est possible. Dans ce sens, Shrii Shrii Anandamurti nous dit : « Vous n’êtes jamais seul.e ou sans aide, la Force qui guide les étoiles vous guide aussi ». Ce que vous voulez, vous cherche aussi. Il n’y a pas de hasard dans les rencontres et dans tous les liens que vous tissez. Ils sont le reflet de votre monde intérieur. Cela nous incite à nous demander qui nous sommes vraiment et penser le sujet de l’agir. C’est justement l’une des fonctions du yoga avec ses pratiques les plus élevées : la méditation et les chants de dévotion pour l’univers (uni-vers), la grande intelligence cosmique qui apportent une paix intérieure, un grand ressourcement pour accéder à une sagesse intérieure profonde.
Pour des explications sur cette force créatrice et mieux nous y reconnecter quotidiennement, le professeur de méditation (acharya*) Dada Vedaprajinananda, disciple de Shrii Anandamurti, nous invite dans son livre à découvrir La Sagesse du Tantra (2ème édition 2020). La vraie nature du Tantra des origines expliqué ici n’a que peu de chose à voir avec le dit tantra de la sexualité propagé dans le monde occidental. La mission première du tantra est de contribuer à l’éveil spirituel. Dans sa définition du sanskrit, le mot Tantra est ce qui libère une personne des liens de l’inertie, de la léthargie mentale qui n’évolue pas. Ainsi le processus pratique qui conduit à l’expansion de la conscience et à l’émancipation qui en résulte s’appelle Tantra. Le tantra est à l’origine de toutes les pratiques yoguiques qui élèvent l’être vers un niveau de conscience supérieur. Dans ce livre, l’acharya parle du Vidya Tantra yoga comme une pratique scientifique permettant à celles et ceux qui s’adonnent à la sadhana de s’améliorer sur les plans physique, psychique et spirituel. Il aide à se connaitre, à se libérer des conventions et à s’avancer vers une plénitude individuelle et sociétale.
Dans sa dimension énergétique, ce yoga nous permet de surmonter nos limitations intérieures, c’est aussi l’un des yogas les plus spirituels qui existe depuis des milliers d’années. De plus, il a été renouvelé dans la deuxième partie du 20ème siècle par Shrii Anandamurti avec des leçons de méditation élaborées pour correspondre aux besoins d’épanouissement des humains d’aujourd’hui. Toute personne à la recherche de spiritualité peut donc les pratiquer*, de même que les personnes qui cherchent à changer leur rapport avec elle-même ou au monde.
