Extraits du livre « This changes everything : Capitalism vs. The Climate » de Naomi Klein,
publiés dans Courrier International du 2 octobre 2014.
« …Il est déjà arrivé par le passé que les mouvements de résistance de masse prennent les commandes, et cela pourrait fort bien se reproduire. »
« Nous serons incapables de relever le défi climatique tant que nous ne l’envisagerons pas comme une lutte bien plus large entre des visions du monde différentes, comme un processus visant à reconstruire et réinventer l’idée même de collectivité, de communauté, de bien commun, de société civile et de civisme, idée mise à mal et abandonnée depuis des décennies. »
« Car, si nous nourrissons le moindre espoir de faire le bond civilisationnel qu’appelle cette décennie décisive, nous devons recommencer à croire que l’humanité n’est pas irrémédiablement égoïste et cupide, contrairement à ce que nous disent les émissions de téléréalité et la théorie économique néoclassique. »
« Fondamentalement, il s’agit de concevoir non un simple arsenal de mesures alternatives, mais une vision du monde alternative pour contrer celle qui est au cœur de la crise écologique, une vision fondée sur l’interdépendance plutôt que sur l’hyper individualisme, sur la réciprocité plutôt que sur la domination et sur la coopération plutôt que sur la hiérarchie. »
« Ces dernières années ont été riches de moments où des sociétés décident soudainement qu’elles en ont assez (songeons « aux printemps arabes », au mouvement des indignés européens, à Occupy Wall Street ou aux grandes manifestations étudiantes au Chili et au Québec [nous pouvons ajouter les manifestations à Kiev et plus récemment à Hong Kong]). Le journalisme mexicain Luis Hernandez Navarro appelle ces rares moments politiques qui semblent faire fondre le cynisme « l’effervescence de la rébellion ». »
« L’aspect le plus frappant de ces soulèvements, où les sociétés revendiquent un changement structurel, est qu’ils sont souvent inattendus, à commencer pour leurs organisateurs eux-mêmes. Et la vraie surprise est que nous sommes beaucoup plus nombreux que ce que l’on a bien voulu nous faire croire, que nous aspirons à mieux et que beaucoup plus de gens que ce que nous imaginions partagent cette aspiration. »
« Nous sommes beaucoup moins isolés que nous l’étions pour la plupart il y a encore dix ans : les structures bâties sur les décombres du néolibéralisme, des médias sociaux aux coopératives ouvrières en passant par les marchés paysans et les banques solidaires, nous ont aidé à former une communauté malgré la fragmentation de la vie postmoderne. »
« Au vu de ces facteurs, il est fort probable qu’une nouvelle crise nous poussera de nouveau dans la rue et sur les places, et qu’elle nous prendra tous par surprise. Reste à savoir ce que les forces progressistes en feront, car ces moments où l’impossible semble possible sont terriblement précieux et rares. Lorsque le prochain se présentera, il faudra s’en saisir, et pas uniquement pour dénoncer le monde tel qu’il est et construire des poches éphémères de liberté. Ce moment devra être le catalyseur qui nous permettra vraiment de construire un monde dans lequel nous serons tous en sécurité. Les enjeux sont trop élevés et le timing trop serré pour que nous nous contentions de moins. »
Commentaires sur ce texte :
L’auteur fait son raisonnement à partir de la crise climatique. Toutefois, la crise actuelle englobe d’autres aspects : économique, social, moral, etc. Dans tous les cas, nous aboutissons à la conclusion de la nécessité de déboucher rapidement sur un nouveau paradigme, un nouveau modèle de société.
C’est ce que propose la Théorie de l’Utilisation Progressiste (PROUT en anglais).