Pandémies, désastres écologiques,… comment rebâtir la société ?

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La valeur d’une personne est-elle différente selon son pays ou sa culture d’origine ?

Généralement, on se réfugie dans une identité lorsqu’on sent que la sienne est menacée. Si chacun met en avant sa propre identité et qu’on ne recherche pas les valeurs qui pourraient nous rapprocher, alors il est impossible de participer à la construction du commun. Il y a lieu d’aborder une notion du fonctionnement général inhérent à l’humain, lequel est perfectible.

Notre Esprit est amené à se construire des représentations internes du monde extérieur à l’aide d’informations qui sont filtrées par nos croyances éducatives, culturelles, sémantiques et par des influences médiatiques. Ainsi chacun se fait une représentation personnelle de la réalité et vous allez communiquer non pas en fonction de ce monde extérieur objectif mais en fonction de votre représentation interne. Dans nos relations, pour une même réalité, un interlocuteur peut évoluer dans un cadre conceptuel différent. L’intérêt est donc de comprendre son cadre, d’y trouver des éléments en commun, de rendre la relation cohérente. Des formes d’expression à haut niveau d’abstraction peuvent être sources d’incompréhensions, d’ambiguïtés voire de conflits. Dans ce schéma accentué, le territoire de l’amour peut finir en territoire de la haine, de la destruction de populations entières à cause de croyances qui ne sont pas dans l’amour.

Soyons conscient que, qui je suis, n’est pas ce à quoi je m’identifie, et n’est pas ce à quoi m’identifie les autres. Faire une pause et reconsidérer le contexte de la situation et des personnes en présence évite bien des incompréhensions. Dans notre comportement, il s’agit de ne pas tenter de tout contrôler mais d’être présent à ce qui se passe et présent à notre ressenti corporel, de ne pas juger, de ne pas se sentir offensé. Ayant conscience de cela, nous pouvons naturellement être vigilant, bienveillant et ouvrir notre cœur.

Dans mes rencontres, je peux remarquer que de plus en plus de jeunes ainsi que des adultes sincèrement altruistes n’ont plus de discriminations car il y a un sentiment de commune humanité qui dépasse l’observation et l’expérience des différences. J’ai discuté avec des réfugiés apatrides sur leur parcours de vie et je suis amené à penser que ces migrants, étant dans l’intervalle entre le passé révolu et l’avenir infigurable, constituent le peuple avancé. La plupart d’entre eux ont le regard rivé sur le futur infini et, semble-t-il, guidé par le ciel plutôt qu’inscrit dans la terre, ils sont l’incarnation d’un certain cosmopolitisme optimiste.

Tout le monde peut avoir un sentiment humain. Dans sa condition de migrant international involontaire, la personne est amenée au détachement du sentiment d’appartenance à un territoire, de même du sentiment d’appartenance à un groupe social à cause de l’éloignement. Dans ce détachement, nous pouvons acquérir un sentiment de l’universalité des êtres et des choses. Cependant, c’est lorsque nous sommes capables de comprendre l’humanisme appliqué à toutes les créatures vivantes – en ne mangeant pas les animaux – que nous commençons à adopter un sentiment universel. Ce sentiment peut être alors appelé Néo-Humanisme. Un nouvel humanisme prenant son inspiration dans la spiritualité.

Shrii Shrii Anandamurti l’exprime ainsi : « La vie humaine est comme un magnifique jardin de tant de fleurs. Laissez toutes ces fleurs se développer et laissez le mouvement final de toutes ces expressions de charme et de fascination se diriger vers la conscience suprême. Quoi que je fasse, quoi que nous fassions, c’est pour plaire au charmeur suprême ».

Avec le respect et l’application au quotidien des Droits de l’Homme et de la démocratie, ensemble avec les personnes de toutes origines confondues, nous pouvons vivre cet état d’esprit Neo-Humaniste pour faire naître un monde nouveau ; non pas pour asseoir la puissance humaine sur les peuples du monde, mais pour promouvoir un idéal de développement de l’Humanité.

La grande majorité des réfugiés respecte les valeurs du pays d’accueil, ils s’y intègrent généralement bien et s’assimilent autant qu’ils le peuvent. Leur implication positive dans la vie collective, les amène naturellement à faire quelque chose d’utile pour la société. Lorsque les besoins minimums sont attribués à chaque citoyen, le système étatique doit aussi encourager chaque personne à donner le meilleur d’elle-même selon ses capacités, ainsi le pays et la société progressera dans le monde.

Savez-vous quelle heure il est ?
– Il est temps d’être le changement que nous recherchons dans le monde !

Sage est le militant qui se rappelle qu’il est possible de percevoir et de présenter le changement comme étant soit révolutionnaire (quelque chose d’entièrement différent du passé) ou évolutif (une étape progressive vers un raffinement du passé). Ces deux modes d’action doivent reposer sur certaines connaissances absolues comme : cet univers est créé par la conation macrocosmique ; la Libération est le droit de naissance de tous les êtres vivants ; la société humaine est une et indivisible ; la diversité est la loi de la nature ; il n’existe pas deux entités identiques dans cet univers. 

Chaque pays présente des situations différentes. Pour se positionner soi-même dans le changement et la reconstruction collective de la société, il faut cultiver l’écoute sincère et empathique pour mieux comprendre les autres, aussi différents peuvent-ils être culturellement. On peut discuter des idées et des croyances sans pour autant dénigrer l’individu qui les exprime, ni l’atteindre physiquement. La guerre n’est jamais une solution, qu’elle soit par la violence des mots ou par des actions répréhensibles ou par celle des armes.

Alors la réflexion en silence et le calme sont les clés d’évolution ? Toute personne jeune ou moins jeune disposée à entendre librement cet enseignement est capable de développer sa nature spirituelle. Pour changer et construire, il faut savoir déconstruire, comme on le fait pour élever un nouveau bâtiment. Il faut enlever les débris de l’ancienne construction et nettoyer le terrain afin d’établir de nouvelles fondations solides. Il en est de même pour l’esprit individuel. Déconstruire les croyances limitantes et sans fondement ainsi que les à priori et les préjugés destructeurs que chacun peut avoir nécessite certes du temps, des lectures, de la bonne volonté mais le temps presse pour ne pas se laisser submerger par les crises. Alors le changement commence avec moi car je ne peux devenir ce que je dois être en stagnant.

La philosophie nous permet de nous dépasser nous-même en transgressant les limites de la condition humaine. C’est pourquoi Henri Bergson peut dire que la philosophie nous introduit à la vie spirituelle. Ce que nous faisons ici, c’est créer une nouvelle histoire pour nous-mêmes, pour la planète et pour les gens qui vivent sur cette planète. En imaginant cela, nous utilisons le pouvoir de l’ancienne tradition du yoga et de la méditation pour nous permettre de le rendre réel.

Et si vous aviez déjà toutes les clés en main ?

Mon but ici n’est pas de simplement philosopher mais de donner des pistes de réflexion humaniste et humanitaire pour poser des fondamentaux universels afin de contribuer à une cohabitation paisible entre les peuples et au développement durable que nous voulons voir dans le monde. Alors comment améliorer sa communication et sa relation avec les autres ?

Quarante années d’activités passées en tant qu’enseignant dont vingt années à l’expatriation volontaire, m’ont appris que les personnes qui n’ont pas traversé d’événements qui les ont déstabilisés dans leur vie ont du mal à comprendre leur propre étrangeté intérieure. C’est ce décalage perçu ou ce sentiment de mal-être éprouvé en côtoyant les autres êtres humains très différents de soi, ceux que l’on considère parfois vulgairement comme des étrangers. William Shakespeare dit que « L’œil ne se voit pas lui-même, il lui faut son reflet dans quelque chose d’autre ». En psychologie, on parle d’effet miroir parce que l’autre, ou la personne en face de nous, agit d’une manière qui nous renvoie à notre propre réalité. Les imperfections que l’on voit dans l’autre peuvent être parfois la réflexion de nos propres imperfections. Le rejet de l’autre peut être aussi un manque de tolérance et d’acceptation pour ce qui Est, et qu’on ne peut modifier dans l’instant. Vous devez vous accepter avec vos qualités et vos défauts. Cette démarche d’aller vers l’autre, et vers soi, demande de la bonne volonté pour surmonter ses peurs, sa timidité, ses contradictions, ses complexes d’infériorité ou de supériorité.

Les sages yogis en tous temps et des personnalités spirituelles contemporaines disent que de notre naissance en ce monde nous sommes toutes et tous la réflexion de la même entité divine ; laquelle vit en chacun·e de nous jusqu’à la mort du corps physique, donc une partie de Soi invisible vit aussi dans l’autre et inversement. Socrate nous dit que « C’est donc au divin que ressemble cette partie de l’âme et si l’on regarde cette partie et qu’on y voie tout ce qu’elle a de divin, Dieu et la pensée, c’est alors qu’on est le mieux à même de se connaitre ».

Lorsque nous voyons d’abord en l’autre l’expression du divin et que nous sommes humblement établis dans cette pureté mentale, il n’y a aucune raison d’avoir peur d’être menacé, ni de nuire car cela ne vient même pas à l’esprit.

Je rejoins l’idée des nombreux laïcs Neo-Humanistes qui disent qu’une part de nous est de plus en plus consciente qu’on est relié à l’Unité, qu’on est en permanence connecté à notre source d’amour, qu’on reçoit tout l’amour dont on a besoin avec toutes les formes dont on a besoin. Cette idée sera-t-elle la base à une nouvelle culture universelle ? Je veux bien y croire si elle s’avère être la seule solution aux tensions individuelles et collectives afin que nous rebâtissions ensemble un monde nouveau. Il s’agit alors de prendre soin de cette source universelle en faisant circuler cet amour par le service altruiste et par le sacrifice de quelques parts de notre confort personnel.

Les vagues de migrations partout dans le monde étant devant nous, il n’est jamais trop tard pour cultiver en soi une approche holistique du monde en partageant des choses positives avec le plus grand nombre de personnes de cultures différentes. Personne n’est parfait, apprenons à aimer et accepter ce qui n’est pas parfait, c’est surtout dans l’effort joyeux que l’on trouve la satisfaction et non dans la réussite à tout prix.

Vous l’avez compris, les changements positifs et durables dans le monde ne peuvent réellement advenir sans l’éducation Néo-humaniste car elle est porteuse d’une spiritualité universelle non dogmatique. Elle participe à la formation de citoyens capables de s’adapter avec facilité, sur tous les continents, et qui ont la capacité à évoluer ou à se modifier en fonction d’un contexte. Les chapitres suivants expliquent comment accéder à ces capacités.

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