Les recoins de notre cerveau sont analysés, scannés pour affiner le marketing des grandes marques qui ne veulent pas manquer leur cible. Cela s’appelle le neuromarketing. Il est enseigné dans les grandes écoles de commerce. Il prouve que la publicité est plus forte que le goût.
Quand médecine et publicité font bon ménage
L’imbrication des images, de la musique, des mots et slogans, le rythme des scènes publicitaires qui défilent devant nos yeux influencent des zones de notre cerveau. Les zones conscientes du cerveau, celles qui font réfléchir, sont désactivées ; à l’inverse, la zone des émotions est activée. Il n’y a pas de décision d’achat sans émotion. L’être purement rationnel n’existant pas, une publicité qui fait vendre lie les émotions et la décision. Ce qui engendre chez les consommateurs un comportement parfois déroutant.
Les candidats aux élections politiques ne se privent pas d’utiliser ces techniques en mettant en scène leur vie publique et quelquefois leur vie privée dans des circonstances aménagées qui les avantagent. N’est-ce pas là de la manipulation ?
Notons au passage que les démocraties ont toujours été critiquées de l’extrême gauche à l’extrême droite. Pour éviter un résultat faussé d’élection lié à une déviance organisée des masses, il y a lieu de réfléchir à des élections politiques soumises au suffrage d’électeurs qualifiés. Ceci est un autre débat dans certains pays en voie de développement et de démocratisation où ce mode d’élection des dirigeants peut être salutaire pour le peuple…
Tout aussi grave, le phénomène récent lié à la recherche d’un meilleur contrôle des consommateurs : ainsi les découvertes en neurologie et les technologies nouvelles de l’imagerie cérébrale amènent des médecins spécialistes de ces domaines à « vendre » leurs connaissances et leur temps au profit des grandes entreprises. Il y a là un dévoiement du corps médical qui devrait être encadré par une éthique élevée au-dessus des intérêts personnels.
Quand le consommateur prendra réellement conscience de la manière dont il est victime d’un système qui l’exploite, il organisera un boycott de masse des produits inutiles qui ne lui apportent qu’un plaisir illusoire, car éphémère et n’engendrant que frustration et dépendance.
On assiste même à des révoltes individuelles et collectives contre tel ou tel grand magasin de quartier dont les dirigeants et actionnaires sont perçus comme des sangsues ne cherchant qu’à vider le portefeuille des passants par des pubs aussi tapageuses qu’elles sont insidieuses et pernicieuses.
Pseudoculture et habitudes des élites
Le média le plus dangereux est certainement la télévision. Les gens passent beaucoup de temps à la regarder pour se déstresser et n’ont pas forcément envie d’apprendre des choses ou se documenter. Les jeunes devant leur écran jouent, à perdre la raison, aux jeux vidéo. Peut-être pour fuir leur mal-être devant un avenir qu’ils ne voient pas ou pour trouver un pseudostimulant cérébral qu’une communication superficielle avec leurs proches ne leur apporte pas. En tout cas, ces divertissements nous inventent une réalité qui n’existe pas. Le neuroscientifique Michel Desmurget dresse un bilan accablant de la télévision qu’il accuse de rendre bêtes, malades, fumeurs, violents :
« On met de la violence parce qu’ensuite la pub va pouvoir incruster plus facilement et à notre insu la marque dans les neurones. Les études montrent cela de façon très claire. L’effet de la violence et de la peur sur la mémorisation est connu depuis des années ».
Mais encore une fois, ce sont les ados qui sont le plus fortement touchés. Par exemple, un roman sexuellement provocateur a récemment vendu plus de 20 millions d’exemplaires, alors que nous sommes dans une période où de moins en moins de personnes lisent ou achètent des bouquins. Imaginez seulement combien en plus lisent ces lignes sur internet.
Les gens riches eux savent comment transformer les connaissances en argent. Ils lisent beaucoup, mais des livres utiles pour mieux connaître le monde, comprendre la psychologie des gens et la culture des peuples ou le comportement et les habitudes de telle ou telle communauté. De même, les entrepreneurs sont sans cesse à la recherche des dernières découvertes et idées pour amasser des profits qui sont souvent réservés à une élite ou à un clan fermé et bien informé.
Ne voyez pas là une critique systématique de ma part, mais seulement la nécessité de mieux informer ces jeunes qui veulent tout, tout de suite. Il me semble important de donner les moyens à tous les éducateurs (éducateurs parentaux, animateurs de club, éducateurs de quartier, enseignants des écoles…) pour transmettre ces faits importants aux jeunes qu’ils côtoient.
Parce que la majorité des ados sont naïfs et facilement impressionnés, ils sont souvent pris pour cible par les compagnies publicitaires afin de leur extirper leur argent.
Le problème est que nos familles finissent par gaspiller le peu d’argent dont elles disposent pour des choses inutiles, et parfois même néfastes. Tout ça parce que les gens ressentent le besoin compulsif de dépenser à cause de publicités trompeuses. Et la plupart du temps, de tels achats entraînent une dégradation mentale ainsi que des habitudes malsaines comme regarder des films X sur internet, ou porter des vêtements de marque pour ne pas paraître moins bien que les autres. Ou encore par besoin d’originalité beaucoup de jeunes se font un maquillage aussi vulgaire que coûteux. Ils sont fiers de montrer leur dernier achat du « must have » informatique qui en fait n’apporte que quelques gadgets de plus à celui qu’ils possèdent déjà…
Dans le pire des cas, certaines familles peuvent s’endetter ou négliger de se procurer des biens essentiels tels que des aliments sains et nourrissants ou de payer leur loyer. Ceci est le terrible problème, pourtant très réel, auquel des dizaines de millions de personnes succombent chaque jour.
Comment la TUP peut-elle aider : la psychoéconomie
Le saviez-vous ? : un dixième de la population mondiale détient 83 % de la richesse du monde. L’Amérique du Nord et l’Europe possèdent plus de 60 % de cette richesse et les nouveaux pays industrialisés ne sont pas en reste quant aux inégalités. Malgré la crise internationale, la Chine a vu le nombre de ses milliardaires en dollars progresser fortement en cette année 2011, à 271 contre 189 l’année dernière. Une nouvelle estimation de la Banque mondiale réévalue le nombre de pauvres en Chine et en Inde de 200 millions. La pauvreté au Brésil n’est pas tant l’effet de la faiblesse du revenu moyen que celui de l’existence de très fortes inégalités. Ces chiffres donnent une idée de l’ampleur des inégalités de patrimoine. On doit se poser la question : qu’est-ce qu’une nation juste, un monde juste, une entreprise juste, des dirigeants justes ?
Derrière l’accroissement des inégalités, c’est une société entière qui se décompose. Le problème de l’égalité n’est pas seulement une question de répartition des richesses, mais aussi une manière de vivre ensemble. C’est la leçon donnée par les révolutions française (désirs d’Égalité) et américaine (désirs de Liberté). Il est urgent de refaire un monde de la réciprocité entre les individus où chacun puisse être reconnu par sa singularité dans la communauté des humains.
Quelles solutions au désordre moral de l’économie libérale pouvons-nous mettre en œuvre dès aujourd’hui ?
Une réponse nous est donnée par la Théorie de l’Utilisation Progressiste (TUP) : l’éducation du consommateur – une vraie éducation. Pas un simple prospectus question-réponse sur la façon de faire du shopping comme le proposent certains groupes représentant les consommateurs, mais plutôt une analyse pointue avec un support graphique pédagogique, avec des explications qui ouvriront les yeux des foules sur ce qui se passe et comment ils se font exploiter, arnaquer, et duper. Cet aspect très important du projet TUP est très exactement la psychoéconomie. P.R. Sarkar précise :
« La psychoéconomie […] s’efforce d’éradiquer les pratiques libérales de l’économie, les comportements sournois, et les structures injustes et avilissantes. Elle contrera toutes les exploitations économiques et psychoéconomiques et permettra aux gens de réaliser comment les capitalistes, dans leurs desseins individuels et corporatistes, exploitent la société et créent des demandes artificielles et malsaines qui non seulement empoisonnent l’esprit humain, mais encouragent aussi des habitudes dangereuses et nuisibles au développement d’une bonne hygiène psychique. Le premier et principal devoir de la psychoéconomie est de mener un combat sans relâche contre les tendances économiques dégénératives et déshumanisantes au sein de la société. » (PNS-12)
Seule la psychoéconomie peut commencer à ouvrir les yeux des gens sur la façon dont ils sont menés à la baguette chaque jour par des exploiteurs capitalistes libéraux fourbes, sournois, et sans pitié.
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