Alimentation, santé et développement durable

extrait d’une conférence du docteur Lylian Le Goff, nutritionniste

Introduction

La forme de développement que le monde connaît depuis de nombreuses décennies, est un développement prédateur. Par exemple, l’agriculture actuelle appauvrit les sols et pollue les eaux de ruissellement et des nappes phréatiques, pour ne prendre que ces exemples. La notion de développement durable, ou soutenable, que nous souhaiterions voir s’instaurer, serait une forme de développement qui répondrait en particulier aux conditions suivantes :
• Que les pratiques utilisées répondent à une éthique certaine
• Que la planète que nous laisserons à nos enfants soit dans un état au moins égal en termes de qualité à celle que nous avons héritée de nos parentsCette pratique, pour se développer, suppose de bénéficier d’un support politique : c’est l’approche verticale. Mais l’évolution des mentalités et des modes de vie dans la population, peut également obliger le système à évoluer. C’est l’approche horizontale. Nous verrons quelques exemples de collectivités, qui ont eu un rôle moteur dans ce domaine du développement durable, tout en en retirant un bénéfice économique et financier.

Les problèmes de l’alimentation sont à envisager sous plusieurs aspects :

  • La qualité des nutriments contenus dans les aliments que nous ingérons,
  • L’équilibre nutritionnel,
  • Les effets secondaires pour notre santé de l’ingestion de certains aliments, selon la quantité consommée,
  • Les conditions de production de la nourriture, et ses conséquences sur notre environnement,
  • Le coût de la nourriture.

Nous verrons, un peu plus loin, comment il est possible de manger de la nourriture de qualité sans augmenter le prix du repas, voire même en le diminuant.

Aspects politiques du développement durable

La France est un pays centralisé à l’extrême, dans lequel les collectivités territoriales (les régions sont les principales concernées) n’ont quasiment aucune liberté d’initiative pour encourager des pratiques conformes au développement durable. Le Grenelle de l’environnement fut quelque chose de positif, mais son esprit a été trahi par les politiques. Par ailleurs, la notion d’agenda 21 (créé suite à la conférence de Rio en 1992) ne s’est pas encore suffisamment répandue : seules 10% des communes en ont adapté un (ce taux est de 60% en Scandinavie ou en Allemagne). La restauration collective, les lotissements à faible consommation d’énergie, la politique des déchets… font partie de leurs domaines d’initiatives possibles.

A l’étranger, on relève des exemples intéressants, par exemple en Autriche (au niveau du pays), en Allemagne (Bavière, Bad Wurtemberg). Concernant la Bavière, par exemple, la région, après concertation avec les agriculteurs et les associations de consommateurs, a développé une politique de passage des exploitations au bio, avec des soutiens financiers pour gérer la transition. Cela a en particulier eu pour conséquence que les frais d’assainissement de l’eau sont devenus très faibles. Au final, le bilan financier s’est avéré positif.

Concernant l’écologie de la planète, certains points sont également à relever :

  • Les produits phytosanitaires sont des molécules issues du pétrole ;
  • Un tiers des transports concernent les produits alimentaires (avec l’équivalent carbone correspondant). Manger bio un produit issu du bout du monde n’est pas à encourager ;
  • Actuellement au niveau mondial 60% des protéines végétales sont destinées aux animaux d’élevage. Rien que le fait de baisser ce chiffre à 40% libèrerait suffisamment de nourriture pour nourrir un milliard d’habitants du tiers monde.

Traitement des cultures et du bétail

En temps normal, l’absorption de médicaments ne doit se faire qu’en cas de nécessité. Le corps dispose d’un système de défense contre les agressions. Les médicaments servent à palier les insuffisances de ce système.

Dans l’agriculture intensive actuelle, les médicaments (antibiotiques pour les animaux, pesticides pour les plantes) sont systématiquement donnés, et ce du début jusqu’à la fin de leur vie. Cela revient à dire que ces plantes et animaux sont considérés comme malades permanents. Cette situation est hors de toute logique.

Développement de certaines pathologies liées à la qualité de la nourriture

Diverses études ont montré que 80% des pathologies sont liées à l’alimentation, dont 40% des cancers. De plus, alors que la santé s’est améliorée sur de nombreux points depuis un siècle, certaines pathologies sont en progression depuis au moins 25 ans, voire 50 ans pour certaines d’entre-elles. Il s’agit en particulier :

  • Du surpoids,
  • Du diabète,
  • De l’obésité,
  • Des cancers hormonaux dépendants,
  • Des allergies,
  • De la baisse de fertilité.

Les agriculteurs, qui utilisent massivement des produits phytosanitaires (pesticides, fongicides…), subissent certaines pathologies dans des proportions beaucoup plus importantes que la moyenne de la population. L’hôpital de Montpellier, par exemple, est témoin de cette évolution dangereuse parmi les viticulteurs.

Comment manger sain et pas cher

Certains nutriments sont indispensables à l’être humain, dans ce sens qu’ils ne peuvent pas être synthétisés à partir d’autres types de nutriments (contrairement, par exemple, au sucre qui est capable de se transformer en graisse). Il s’agit des catégories suivantes :

  • Acides aminés
  • Acides gras insaturés
  • Vitamines
  • Minéraux et oligo-éléments
  • Fibres
  • Antioxydants

Or, les produits issus de l’agriculture intensive possèdent de moins en moins ces nutriments. Pour y palier, il est bon de s’habituer à manger entre autres :

  • Des produits non raffinés (sucre roux, céréales complètes…),
  • Des huiles de première pression à froid,
  • Du sel gris.

Par ailleurs, certaines habitudes permettent d’améliorer la santé et/ou le portefeuille :

  • Combiner céréales et légumineuses comme source de protéines pour remplacer, au moins en partie, les protéines animales ;
  • Préférer une assiette de crudités en entrée, plutôt que de la charcuterie ;
  • Limiter la consommation de plats préparés et de produits longs (donc chers) à fabriquer. Par exemple, préférer les yaourts au fromage ;

Conclusion

Il est faux de penser que le passage à des pratiques alimentaires durables coûterait plus cher aux collectivités et aux individus. Les expériences déjà menées prouvent que, au contraire, le retour sur investissement est rapide. Les coûts cachés (subventions de la PAC, soins médicaux, traitement de la pollution…) diminuent, la santé et la qualité de vie s’améliorent. Les niveaux de pollution peuvent baisser énormément en quelques années, suite à l’arrêt des pratiques de culture intensive.

Nous devrions tous, à notre niveau, participer à cette évolution, qui est une nécessité pour notre avenir, et celui de nos enfants.

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