Le football professionnel aujourd’hui est à l’image de la société capitaliste : il s’y produit une dérive dans les salaires des joueurs, une starisation des plus connus d’entre eux. La plupart des grands clubs sont très endettés (la France constitue cependant une exception sur ce dernier point, grâce à sa politique de contrôle de gestion).
Les enjeux financiers sont aujourd’hui tels dans le sport professionnel, qu’une contre-performance sportive (relégation en 2ième division, ou même une non-qualification pour une coupe européenne) peut avoir des conséquences importantes pour le club concerné. Cela peut amener à certaines pratiques : achat des arbitres (exemple à la Juventus de Turin il y a quelques années), dopage (le fait de peu en parler dans le football doit plutôt être la preuve de l’existence d’un consensus pour ne pas faire de vague, que de son inexistence).
Il faudrait pratiquement aujourd’hui que le football, chez les professionnels, devienne une science exacte, avec un scénario quasiment écrit à l’avance, alors que l’attrait, pour le public mais aussi pour les pratiquants amateurs, des compétitions sportives, tient à l’incertitude du résultat. Celui qui perd un jour doit simplement espérer faire mieux la prochaine fois, sans que cela ait une importance exagérée dans la vie.
Aujourd’hui, dans le football professionnel, une polémique est devenue récurrente depuis quelques années : faut-il passer à l’arbitrage vidéo ?
On se souvient du match Angleterre-Allemagne de la dernière coupe du monde, où un but a été accordé à l’Allemagne, alors que le ballon n’avait probablement pas franchi la ligne. Une caméra située sur la ligne de but aurait sans doute permis au 4ième arbitre de s’en apercevoir et de le signaler à l’arbitre principal. Cependant, outre que le recours à la vidéo dans le football risquerait de hacher énormément le jeu (chaque minute, il peut y avoir une touche attribuée à la mauvaise équipe, un coup franc non sifflé, etc.), l’expérience actuelle permet déjà de dire que la vidéo ne répondrait pas de manière définitive à toutes les questions. On se souvient par exemple du match Brésil-Norvège de la coupe du monde 1998, au cours duquel un pénalty en faveur de la Norvège a permis à ce pays de se qualifier pour le 2ième tour, aux dépens de l’Ecosse et du Maroc. Pendant plusieurs jours, ce fut une levée de boucliers contre l’arbitre, jusqu’à ce que des images nouvelles, de la télévision suédoise, viennent lui donner raison.
Là où je veux en venir avec ces exemples, c’est que ce genre de polémique n’aurait probablement plus lieu d’être, si le football n’était qu’un jeu, comme le souhaiterait Michel Platini.
Ceci dit, le football professionnel devrait-il disparaître. Dans sa forme actuelle, sûrement. Mais on peut très bien imaginer qu’à l’avenir, dans un type de société qui ne connaitra plus les excès du capitalisme d’aujourd’hui, un certain nombre de personnes continueront à avoir le sport comme activité principale, c’est-à-dire à être des sportifs professionnels. Mais ces sportifs professionnels-là évolueront dans un contexte économique et social très différent d’aujourd’hui, où en particulier les clubs auront une structure associative, à laquelle seront associés les joueurs mais aussi le personnel.