Le Yoga répond à une quête de spiritualité universelle
La maxime du temple de Delphes, « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’Univers et les Dieux », peut être vue sous un angle nouveau : pour connaître le monde invisible, il faut d’abord connaître notre propre monde invisible, c’est-à-dire nos corps subtils et leurs surprenantes capacités (2).
Nous sommes des êtres complets et la nature nous amène à le ressentir profondément alors que la société nous fait croire qu’il nous manque quelque chose pour être heureux. Capter l’attention est le but des médias de masse, des industriels et des politiques, ils s’arrachent notre « temps de cerveau disponible. L’attention au moment présent est la clé de notre liberté intérieure, c’est le cœur de toute vie spirituelle. Alors dans ce monde où notre vigilance est sans cesse captée, comment développer sa spiritualité – religieuse ou laïque ?
La spiritualité c’est tout ce qui caractérise la vie de l’âme et qui détient un caractère indépendant de la matière. La spiritualité n’est pas une religion où le dogme de la tristesse est roi. C’est le libre choix de chacun de créer en lui les causes fondamentales qui conduisent à un bonheur authentique et durable. La sagesse ancestrale et la science spirituelle d’Extrême-Orient nous montre que la félicité réside en nous-mêmes, dans le silence mental, au tréfonds de notre être. Cette spiritualité qui nous parle du Soi, du vécu des différents états de conscience, qui nous rapproche de l’absolu et vivre une vraie transformation de notre être.
Le Yoga issu des traditions millénaires de l’Inde nous propose un guide pratique sur le chemin de la pleine conscience et de la transformation de soi. Il ne s’agit pas seulement de répéter des affirmations positives ou d’adopter un « mindset » optimiste. Le corps est la mémoire vivante de nos pensées, il est donc important de ne pas seulement travailler sur l’esprit, mais aussi sur le corps. Les deux travaillent ensemble. La pratique des asanas (postures de yoga) nous aide à surmonter nos blocages internes et physiques.
Le Yoga et la Méditation en tant qu’éveil de l’Intelligence ne peut en aucun cas se réduire à une technique de relaxation ou de concentration. Avant d’être une pratique à la mode, le yoga est un art de l’intériorisation dont la finalité est éminemment spirituelle. La spiritualité de l′Inde, d’où est originaire le yoga, rejoint en certains points la plus haute mystique chrétienne et grecque. Le yoga est une discipline de l’esprit, comme l’ont cherchée nos philosophes de l’Occident dans leur « Discours de la Méthode », celle de l’expérimentation et de la raison. L’étude du yoga développe les fondements de la spiritualité naturelle.
Le yoga n’est pas une religion, c’est une voie spirituelle ancienne qui vise à l’épanouissement de l’être dans sa totalité. La pratique du yoga est ouverte à toutes et tous, vous pouvez avoir n’importe quelle religion ou n’en avoir aucune. Le yoga est une voie sur le chemin de la simplicité qui permet à chacun d’avoir une place pour son progrès spirituel quels que soient sa naissance, son milieu social, ses croyances…. Ce chemin d’évolution personnelle par le travail du Soi dans l’harmonie est un chemin universel.
Les yogis ont expérimenté depuis des millénaires un mode de vie adéquat pour élever l’énergie spirituelle en soi. En pratiquant la méditation certes, mais aussi en adoptant un mode alimentaire végétarien sattvique qui favorise l’élévation de l’esprit en soi. Par opposition une nourriture tamasique stimule l’énergie et les pensées de bas instincts. C’est peut-être la nourriture végétarienne bienfaisante pour l’esprit – ainsi que le jeûne complet effectué régulièrement – qui a manqué aux responsables de communautés religieuses qui se sont livrés à des abus sexuels, notamment sur des enfants.
« Aucun des Yogas ne renonce à la raison, aucun ne vous demande d’abandonner la raison entre les mains d’un prédicateur quelconque. Chacun des yogas vous dit de vous attacher à votre raison, de vous y tenir fermement. »
Swami Vivékananda in L’idéal d’une Religion universelle, II, 373- Discourses in New York
Il est à noter que des pratiques méditatives existent également dans les trois religions monothéistes. Certains chrétiens suivent une voie progressiste et pratique la méditation d’après les enseignements de Maître Eckhart sur le traité du non-attachement. Une spiritualité chrétienne renouvelée peut répondre à la méfiance postmoderne à l’égard du rationalisme et de sa théologie narrative et négative. De même, la pratique méditative du soufisme désigne les pratiques ésotériques et mystiques de l’Islam visant la « purification de l’âme » en vue de se « rapprocher » de Dieu. Notons aussi la méditation juive qui consiste principalement à la lecture de la Torah, elle est réservée à une élite intellectuelle.
Rappelons que fondamentalement la culture humaine est Une, elle est présente au plus profond de chacune et de chacun. Elle constituée d’une spiritualité vivante et comme tout ce qui vit, elle est mouvante et évolutive. Dans sa dimension universelle, la spiritualité est la quête d’harmonie avec l’univers, c’est une somme d’expériences profondes qui comporte notamment un questionnement au sujet de soi et l’infini « qui suis-je », « d’où je viens », « quelle est vraiment la nature de mon existence » et « comment suis-je lié au monde dans son ensemble ». Ce questionnement reste flou dans les religions dites monothéistes car il reste au niveau de l’intellect sans vraiment induire une transformation de soi.
Il s’agit de ne pas se laisser piéger par différentes formes de consumérisme spirituel, d’individualisme, d’intimisme et de plaisir, et de se laisser piéger par des formes de consommation spirituelles. La spiritualité qui consiste à ne rechercher que soi-même, sans communauté et sans attitude responsable à l’égard de chacun et de l’environnement, n’aide pas au vrai progrès de l’esprit. Sans engagement en faveur du bien commun et de l’intérêt général, le yoga n’est qu’une pratique hédoniste ne favorisant pas la recherche du bonheur dans cette vie humaine.
L’essence de la spiritualité, c’est cette recherche d’un plaisir supérieur qui soit durable, sans commune mesure avec les petits plaisirs sensoriels, superficiels et éphémères des attraits mondains et encore moins par la prise de substances hallucinogènes. Le sens de la vie, c’est d’apprendre à être bien, au-delà des objets que l’on possède ou des personnes qui nous donnent du plaisir. L’amour non possessif est un amour exigeant, détaché, c’est entrer dans cet amour plus profond qui consiste à aimer l’autre non pas pour ceci ou pour cela mais aimer ce qui dans l’autre est profondément insaisissable et parfaitement inappropriable. Par-delà les événements qui surviennent, apprendre à aimer la vie, c’est savoir accepter les bons moments comme les mauvais.
Le yoga permet d’apprendre à surmonter les tendances négatives et à se concentrer sur le positif. En modifiant votre point de vue, vous changez votre vie. Une croyance limitante est un état d’esprit ou une fausse idée à votre sujet qui vous freine d’une manière ou d’une autre. Ces croyances peuvent s’étendre à un groupe puis à une communauté élargie. En aidant à dépasser les croyances limitantes, la pratique d’une spiritualité universelle telle que le propose le yoga est un moyen permettant d’unifier les êtres humains.
« Il y aura des conflits dans le monde tant que le sentiment de nationalisme existera. Le bien-être de la société humaine dépend de son degré d’expansion psychique […] L’instauration de l’universalisme ne pourra se faire qu’au travers de la pratique spirituelle de la méditation qui seule peut engendrer une expansion psychique. L’inculcation d’une vision spirituelle ne renforcera pas les frontières qui séparent les nations mais conduira à la création d’un état universel, d’une nation globale avec un lien commun d’unité et d’inspiration. Ce pays s’appellera la Nation Humaine ».
P.R. SARKAR (Extrait de discours « La Société Humaine est Une et Indivisible)
Il est certain que chaque personne a la possibilité de choisir entre une nuance désordonnée dans la/les culture(s) qui l’entoure(nt) ou d’adhérer à l’orientation de la spiritualité universelle. Cette spiritualité qui l’aide à harmoniser sa vie et son travail avec l’idée que tout est l’expression de la Conscience cosmique. Toute personne devrait toujours être consciente que la spiritualité doit avant tout l’encourager à faire un effort actif pour humaniser tout ce qui risque de glisser vers l’inhumanité.
Dans les chapitres suivants, nous allons voir comment pouvons-nous devenir davantage conscients d’appartenir les uns aux autres.











