Elaborons une nouvelle vision de l’histoire

Alors que la théorie du cycle social est très prometteuse quant à sa capacité à expliquer le mouvement de la société humaine, elle n’est encore qu’une ébauche qu’il est nécessaire d’étayer avec de nombreuses recherches. En effet, les phénomènes sociaux et les tendances historiques ont des expressions à la fois très diverses et complexes. Les arts, la politique, l’économie, la religion, la philosophie, les sciences, la technologie, la musique, les vêtements et les coutumes, il faut tout prendre en compte pour élaborer une vision complète, permettant une compréhension de la psychologie sociale dominante.

Ce processus peut se compliquer encore plus si les différents domaines du comportement humain sont en dissonance. Par exemple, bien souvent, la nouvelle psychologie sociale apparaîtra d’abord dans les domaines plus subtils, comme les arts, la culture et les sciences. Alors que la vieille psychologie continuera à dominer les autres domaines et la structure sociale jusqu’à ce que la transformation soit complète. Il n’est pas toujours facile, particulièrement en période de transition, de déterminer si l’époque en question est encore dominée par la psychologie précédente ou déjà par la nouvelle. De plus, l’expression d’une certaine psychologie sociale (varn’a), peut varier considérablement au travers de ses périodes de jeunesse, maturité et vieillesse (dégénérescence).

Les annales historiques contiennent surtout les éloges des personnalités au pouvoir, négligeant complètement la réalité des prétendus gens du commun. Même la dynamique interne de la classe au pouvoir reste peu ou partiellement comprise. Il est donc crucial d’entreprendre des recherches complémentaires, dans le but d’élucider le cycle social.

En dépit des complications associées à toute analyse historique, la valeur du cycle social est démontrée par sa capacité à prédire les événements futurs. La montée des mouvements dissidents estudiantins et intellectuels en Chine et en ex-Union Soviétique, sans oublier tous les soulèvements des ex-nations communistes européennes, illustrent la tendance de l’ère guerrière (ks’attriya), à avancer vers un âge intellectuel (vipra). Bien que les régimes en place aient pris des mesures contre-évolutionnaires, elles ne purent durer indéfiniment, vérifiant encore la dialectique de la TUP.

Il est aussi important de noter que les pays occidentaux doivent s’attendre à atteindre le point de révolution un jour ou l’autre, et à vivre la fin de l’ère du capitalisme des sociétés multinationales. Cela s’est déjà produit dans certains pays moins développés, et est en train de démarrer ailleurs. La révolte Zapatiste au Mexique, une révolution dirigée par les shu’dra (ici, les paysans), en est un exemple. Bien que ce genre de mouvements soient facilement contrés par le pouvoir en place, ils referont surface en force dans l’avenir. Leur apparition se fait d’abord dans les pays les moins développés, à cause de l’exploitation et des grandes disparités économiques. Il faut aussi comprendre que ces révolutions ne sont pas nécessairement socialistes ou communistes – une autre idéologie pouvant tout aussi bien faire l’affaire. Le cycle social, rappelons-le, se doit d’avancer, et en conséquence, la révolution prolétarienne (shu’dra), est inévitable. Cependant, le communisme envisagé par Marx, n’est lui pas inévitable, d’autant plus que, étant quasiment impraticable, il a déjà perdu et son dynamisme et son attrait.