Dans la plupart des démocraties d’aujourd’hui, le droit de vote dépend de l’âge de l’individu. Ce système a été choisi à cause de l’énorme dilemme moral que constitue l’exclusion de certains du processus électoral. En effet, qui aurait le droit moral de décider qui peut et qui ne peut pas voter ? Ce dilemme a été contourné par l’introduction du droit de vote pour les adultes. Un tel système présuppose qu’après un certain âge, une personne aura la capacité de juger équitablement et intelligemment le pour et le contre de chaque candidat, pour arriver au meilleur choix possible. Bien que cela soit vrai pour certains, ce n’est évidemment pas le cas de tous. Dans le cas d’une population possédant un haut niveau d’éducation, il est théoriquement possible que tous possèdent la capacité de voter intelligemment. Malheureusement, la réalité est bien différente : non seulement les électeurs se désintéressent en masse du processus électoral (ce qu’illustrent les faibles taux de participation), mais le niveau de conscience socio-économique est visiblement très bas dans la plupart des régions du monde.
Comment la société peut-elle donc décider de manière optimale qui pourra voter ? Dans le passé, de nombreux abus ont été commis au nom de la sélection des électeurs. Souvent une élite ou un certain groupe ethnique a exploité ce concept pour se maintenir au pouvoir. Selon la TUP, le moyen de sélection le plus équitable serait un test démontrant les connaissances et l’intérêt de chacun envers le processus électoral. Un tel système pourrait être dénommé démocratie « sélecto-électorale ». Les électeurs peuvent ici être comparés à des conducteurs débutants qu’on ne lâcherait pas sur la route sans qu’ils aient tout d’abord démontré leurs compétences. Parfois des tests biaisés ont été conçus pour exclure une certaine minorité; cela s’est produit dans le Sud des Etats-Unis ou de telles méthodes de test ont été utilisées pour empêcher les noirs de voter. Pour éviter de tels dérapages, la TUP insiste sur la notion d’accès universel à l’éducation et au suffrage, garantissant l’équité des tests électoraux. Il faut noter que les politiciens ne pourraient en aucun cas se mêler de l’élaboration des programmes scolaires. Cette responsabilité serait en effet laissée à des conseils sociaux publics composés d’éducateurs qualifiés.
Nombre de gens se sont durement battus voire ont donné leur vie pour acquérir et défendre le droit de vote, et il se peut que cet aspect particulier de la TUP soit mal compris et mal perçu au premier abord. Toutefois, il faut se rappeler que le but de la TUP est une véritable liberté démocratique, sous la forme d’une démocratie économique, et non l’illusion de liberté apportée par les démocraties politiques actuelles. Néanmoins, un mélange équilibré des deux devrait être formulé dans l’intérêt de tous. Tant que l’examen préélectoral, ainsi que le système éducatif sont ouverts à tous, et qu’ils ne favorisent quiconque, il est clair que le processus sélecto-électoral suggéré, possède un certain nombre d’avantages sur le système actuel. Des électeurs éduqués et conscients seront moins susceptibles d’être trompés par l’extravagante machinerie publicitaire des politiciens. L’argent perdra aussi de son influence sur le processus électoral, qu’il soit investi dans des campagnes médiatiques ou plus bassement pour acheter des votes.