Pour être en mesure de résister à n’importe quel type d’exploitation, il faut tout d’abord bien comprendre la nature de cette exploitation et les différents niveaux auxquels elle agit. Selon la TUP, l’exploitation capitaliste prend place dans les domaines matériel, intellectuel et spirituel.
Nous avons déjà parlé de l’exploitation matérielle. Le système capitaliste permet la coexistence d’un grand nombre de pauvres et d’affamés avec un petit groupe de personnes fabuleusement riches. La recherche du profit maximum propre au capitalisme conduit à de telles anomalies, comme par exemple l’extraction des ressources naturelles d’une région, pour leur export et leur transformation en produits finis. Ces même produits sont alors exportés et vendus à ces mêmes régions qui ont fourni la matière première pour leur fabrication. La TUP supportant la décentralisation et la démocratie économique, ce scénario ne pourra avoir lieu sous un système tupiste.
Que signifie l’exploitation capitaliste dans le domaine intellectuel ? Elle se manifeste de différentes manières. Tout d’abord, l’alphabétisation et l’éducation d’un grand nombre sont négligées. Cela est visible aux Etats-Unis, où 50% des étudiants n’apprennent pas suffisamment pour lire et écrire avec le standard académique requis. Deuxièmement, il y a un manque de développement de la conscience sociale et économique, ce qui contribue à maintenir le cycle d’exploitation. Enfin, les exploiteurs encouragent les sentiments de peur et d’infériorité chez les populations visées, pour les maintenir sous leur joug. Tout cela freine le développement moral et intellectuel des gens, et conduit à une augmentation de la pensée irrationnelle, de l’étroitesse d’esprit, du racisme, du nationalisme, et de l’oppression de certaines classes sociales. Tous ces facteurs exercent une influence extrêmement négative et destructrice, empêchant les gens d’identifier leur véritable ennemi, tout en maintenant le consumérisme. Chaque fois que le système capitaliste a été défié, il s’est montré très élastique, se transformant juste assez pour faire taire ces critiques. Ainsi, le féodalisme, le capitalisme, le colonialisme, l’impérialisme, le multinationalisme, le néolibéralisme, l’économie mondiale, etc., sont tous des expressions du capitalisme à différent stades, obligé de s’étendre et de se transformer pour éviter sa destruction. Par exemple, lorsque les gens commencèrent à exprimer leur peur et leur mécontentement pour l’étonnante destruction de l’environnement naturel, les sociétés visées lancèrent des campagnes publicitaires exprimant leur préoccupation pour le recyclage etc. Par derrière, cependant, elles continuent leurs pratiques destructrices. Toutes les réglementations socialement et écologiquement destructrices imposées aux nations du tiers monde par les délibérations d’une ONU au service des riches et des puissants, en sont une preuve flagrante.
Souvent dans le passé, les capitalistes ont été capables de pacifier une résistance en achetant les agitateurs. Une fois que ceux qui sont à même de voir les défauts du capitalisme en deviennent les employés, ils sont moins susceptibles de formuler leurs protestations. Il semblerait que, sous un système capitaliste, les individus intelligents et éduqués soient peu motivés ou peu disposés à utiliser leurs talents au nom du bien-être public. Un certain degré d’apathie et d’élitisme explique en partie de telles attitudes. De plus, une telle façon de voir est promue par un système économique dont la règle d’or est que chacun doit s’occuper de ses propres affaires, et que si tous se comportent en conséquence, tout ira pour le mieux. En fait, des millions meurent chaque année de faim ou de maladies évitables. Ce crime contre l’humanité a été appelé « l’holocauste caché », mais il est caché seulement pour ceux qui ferment les yeux ou fabriquent des excuses pour justifier la famine, la souffrance et la mort.
Finalement, l’exploitation capitaliste se manifeste aussi à un niveau spirituel. (Cela est différent de l’exploitation religieuse qui sera traitée dans le chapitre suivant). Le marché du spirituel incite les gens à se préoccuper uniquement de leur propre élévation spirituelle, négligeant le reste de l’humanité. Pour éviter un tel phénomène, les aspirants spirituels devraient donner une partie de leur temps pour des activités d’entraide sociale, de manière à avoir un impact maximum sur la société.