Décentralisation économique et ensembles socio-économiques

Pour accomplir cet idéal économique, la TUP recommande un système économique complètement décentralisé. Dans le système capitaliste, la quête du profit dirige l’activité économique. Mais pour la TUP, la satisfaction des besoins humains est la motivation primordiale. Une production décentralisée permettra beaucoup plus facilement d’atteindre cet objectif. On peut dire que la décentralisation est l’expression directe de la démocratie économique, car le contrôle local des ressources développera les meilleurs moyens pour réaliser l’utilisation maximum et la distribution rationnelle de ces ressources. À l’opposé, la centralisation est l’expression directe du capitalisme, parce qu’elle autorise un contrôle maximum des ressources locales par les capitalistes.

La décentralisation rend le système économique supportable pour l’environnement, car les populations locales seront les seules responsables de la gestion des ressources. Ceci est totalement différent du système actuel, dans lequel des profits sont réalisés au prix d’une dégradation de la société et de l’environnement. Avec la TUP, les ressources seront protégées et développées pour maintenir et accroître le niveau de vie de la population locale.

Pour réaliser une telle décentralisation, la TUP cherche à former des unités géographiques économiquement autonomes, ou « ensembles socio-économiques ». La décision de former de telles unités serait laissée à la population locale qui prendrait en compte l’existence de problèmes économiques et sociaux communs, de potentialités géographiques communes, d’un héritage culturel et d’un langage communs etc. Ces facteurs ethniques et culturels étant assez relatifs, ils ne constituent pas toujours une aide à la formation de ces divisions économiques. Plus nécessaire, serait une volonté de coopération parmi la population locale, en vue de réaliser le but commun d’autonomie économique. Ici on définit la population locale, comme tous ceux qui ont fusionné leurs intérêts économiques avec ceux de leur localité ou région. De plus, chacun est libre de s’établir dans l’ensemble socio-économique de son choix. Les entités politiques actuelles (pays, fédérations, états, etc.) contiennent un ou plusieurs ensembles socio-économiques.

Pour faciliter la planification, chaque ensemble socio-économique est divisé en « cantons », suivant des considérations économiques, géographiques et démographiques. Le rôle d’une économie décentralisée serait de rendre chacun de ces cantons (soit une population de cent mille à deux cent mille habitants), économiquement autonome.

Un des défauts majeurs du capitalisme est le drainage du capital local, et sa concentration dans les mains d’une minorité que le gouvernement local ne peut toucher. Par exemple, une société New-Yorkaise pourrait très bien parasiter la campagne Haitienne, et compromettre le progrès économique de cette région. En effet, les régions en voie de développement vendent leurs matières premières à bas prix à des capitalistes étrangers qui les utilisent pour la fabrication de produits finis exportés dans le monde entier. D’autre part, les économies centralisées conduisent à la concentration industrielle et urbaine, ainsi qu’à la déstabilisation de la force de travail dont une part croissante est forcée de se déplacer pour trouver un emploi. Aucun de ces problèmes n’apparaît dans une économie décentralisée. En effet, comme les ressources et le capital sont contrôlés localement, chaque région a la possibilité de développer ses potentialités socio-économiques. Chaque canton s’efforcera d’atteindre l’autonomie en développant au maximum tous les secteurs de l’économie, et en respectant son environnement naturel. Ils seront libres de suivre leur propre plan économique avec leurs propres méthodes de travail.

Principes directeurs de la décentralisation économique

La TUP propose cinq principes directeurs pour la décentralisation économique. ce sont :

  1. Les ressources devraient être contrôlées localement. Et ceci particulièrement pour celles qui sont utilisées dans la fabrication des produits de première nécessité. Les matières premières devraient être exploitées aussi près que possible de leur point d’extraction, ceci pour une efficacité maximum et la création de profits durables pour la population locale.
  2. La motivation de la production devrait être la satisfaction des besoins de la population, sa consommation, plutôt que le profit. Les produits devraient être fabriqués principalement pour le marché local, afin d’éviter les sorties de capitaux. Les ensembles socio-économiques devraient être suffisamment étendus pour assurer la stabilité des marchés locaux et de l’économie en général.
  3. Production et distribution devraient être organisées par des coopératives. Les coopératives sont pour la plupart incapables de soutenir la compétition dans un environnement capitaliste centralisé. Cependant, au sein d’une économie décentralisée, le système coopératif permettra à chacun d’être employé et de participer à la gestion de l’économie. La démocratie économique ne peut se réaliser sans un tel système.
  4. Les entreprises d’une certaine région devraient employer la main d’oeuvre locale. L’application d’une telle règle demande un haut niveau d’éducation de la population locale, pour pouvoir y trouver des gens compétents dans tous les domaines. Les coopératives peuvent jouer un rôle dans ce processus, en organisant différents stages de formation pour leurs membres, et en leur offrant la possibilité d’utiliser ces connaissances. De cette façon, les individus particulièrement talentueux seront correctement utilisés, et ne succomberont pas au « drainage des cerveaux », c’est-à-dire à la tentation de se déplacer vers des régions plus développées et plus riches, comme cela se passe aujourd’hui partout dans le monde. Ainsi, un grand nombre d’individus parmi les plus talentueux et compétents, émigrent des régions rurales vers les régions urbaines, et des pays en voie de développement vers les pays développés.
  5. Autant que possible, les produits de première nécessité qui ne sont pas fabriqués localement, devraient être retirés des marchés locaux. Il est essentiel d’appliquer cette règle si l’on veut développer la production locale. Au début, il se peut que les acheteurs aient à se contenter de produits de qualité inférieure, plus chers ou moins disponibles, mais, au fur et à mesure que les capacités de production se développent pour répondre aux souhaits de la population, de bons résultats pourront être atteints, tout en conservant le capital à l’intérieur de l’ensemble socio-économique. S’il existe un enthousiasme et une fierté pour les produits locaux, ce processus en sera d’autant plus facilité.