Le commerce

Pour la TUP, le commerce est un secteur de l’économie qui demande une attention toute particulière. Il est primordial de formuler des règles commerciales s’assurant que la transaction est profitable pour tous les acteurs concernés ainsi que pour l’économie dans son ensemble. Dans une démocratie économique, les ressources d’un ensemble socio-économique sont vues comme la propriété de sa population. De plus, un des principes de la décentralisation économique est que le raffinage et la fabrication doivent se faire aussi près que possible du point d’extraction des matières premières. Dans un tel contexte économique, exporter des matières premières a peu de sens. En effet, un ensemble socio-économique qui exporterait, diminuerait sa capacité à créer de nouveaux emplois et perdrait en vitalité économique. Bien souvent, les économies qui dépendent de l’exportation de leurs matières premières restent sous-développées avec un faible niveau de vie. D’un autre côté, les ensembles socio-économiques qui importent ces matières premières courent le risque de gonfler excessivement leur production industrielle. De plus, s’il s’agit de nourriture qui est exportée, l’ensemble socio-économique en question aura plus de difficultés à réaliser son autonomie alimentaire. Généralement, ce type de commerce ne conduit ni à une décentralisation économique, ni à une économie équilibrée (voir la partie suivante).

Cependant, dans le cas où un ensemble socio-économique manquerait de matières premières pour satisfaire le minimum vital de sa population, il lui serait alors possible d’importer des matières premières. Il faudrait vérifier si les matières premières importées constituent un surplus de production pour les ensembles socio-économiques les exportant.

Une fois qu’une économie locale est capable de satisfaire les besoins vitaux de sa population, un certain nombre de produits difficiles à produire localement devraient être introduits. Cependant, il faudrait prendre toutes les précautions pour que ces produits ne nuisent pas à la production et à la vente locales. Un tel commerce pourrait se faire sous forme de troc chaque fois que c’est possible.

Avec le développement des infrastructures commerciales, on devrait encourager tous les ensembles socio-économiques déjà autonomes à échanger librement leurs surplus de production. De cette façon, les ensembles socio-économiques pourraient accroître leur prospérité, tout en maintenant une parité entre-eux. A ce stade, il se peut que certains ensembles socio-économiques éprouvent le besoin de s’unir. Il s’agit là d’un développement positif tant qu’il ne nuit pas à la production décentralisée et à la démocratie économique. À ce sujet, un autre point important devrait être mentionné. De manière à éviter l’émergence d’une classe de riches commerçants et autres intermédiaires, les transactions entre différents ensembles socio-économiques devraient être laissées aux coopératives de producteurs et de consommateurs.

Cette approche diffère clairement de la notion capitaliste du libre échange. En quête de profits toujours plus élevés, les capitalistes cherchent des matières premières et une main d’oeuvre bon marché, tout en sélectionnant les marchés qui peuvent payer le plus pour leurs produits. Ceci ne bénéficie ni aux individus vivant à proximité des matières premières (bien qu’ils en soient théoriquement propriétaires, ils n’en ont pas les avantages, et sont simplement employés dans des activités peu rémunérées, comme l’agriculture, les mines etc.), ni aux populations plus riches, acheteuses des produits finis, dont les possibilités d’emploi se réduisent constamment à cause du déplacement de l’industrie vers des pays plus pauvres. La situation de ces pays fournisseurs d’emplois n’est guère plus favorable, car les conditions de travail, salaires et bénéfices y sont maintenus au niveau le plus bas possible par les capitalistes. Il arrive donc que, malgré une présence capitaliste, le pays choisi ne connaisse pas de croissance économique ou d’augmentation notable de son niveau de vie. De plus, une énergie énorme est gâchée avec le transport des produits et des matières premières entre les lieux d’extraction, les lieux de fabrication, et les lieux de vente.