Exploitation psycho-économique et pseudo-culture

Essentiellement, il n’y a qu’une culture humaine, qui s’exprime différemment selon le lieu. Actuellement, cette variété de l’expression humaine est interprétée comme la coexistence de différentes cultures. L’histoire de l’humanité a montré que parmi les myriades de « cultures » locales, certaines ont la particularité de vouloir détruire l’expression culturelle d’autres régions, pour avancer vers leurs buts. Par exemple, de nos jours, les pays capitalistes occidentaux essayent d’imposer leur façon de vivre à d’autres sociétés du monde.

Les capitalistes ont recours tout particulièrement à un type spécifique d’exploitation dénommée « exploitation psycho-économique ». Elle commence souvent par l’oppression de la langue et de la culture d’une certaine région, par un envahisseur étranger. En effet, dans le passé, la force militaire était utilisée à cette fin. Ainsi, les états impérialistes utilisaient leur supériorité en matière d’armement pour envahir et conquérir d’autres pays, voire en asservir les populations. «Votre culture est primitive, votre religion est mauvaise, votre langue manque de sophistication » déclaraient-ils aux vaincus. Les colonialistes ont donc utilisé à la fois la violence, et l’imposition d’un complexe d’infériorité pour briser la volonté de résistance des peuples conquis. Vers la fin de la deuxième guerre mondiale, les peuples du monde devinrent de plus en plus intolérants vis à vis de la violence et de l’injustice du colonialisme. Dans ce contexte, Les colonialistes ont été forcés d’imaginer d’autres techniques pour continuer leur exploitation des pays nouvellement indépendants.

Afin de remplacer les cultures locales, une pseudo-culture a été imposée. Ici le terme pseudo-culture signifie un conglomérat d’idées, d’actions et de produits qui paralysent la vision collective d’un peuple et le préparent à l’exploitation économique. En surface, elle pourrait porter quelques ressemblances avec une véritable culture, mais en fait, elle en est l’antithèse. Une telle pseudo-culture inclut de nombreux objets qui rendent la vie apparemment plus agréable que du temps de la culture indigène, mais en fait, son but est de saper la résolution des peuples indigènes. En effet, la dissémination à grande échelle d’une « culture de consommation » centrée sur les plaisirs matériels, affecte négativement les mentalités et la spiritualité. De plus, elle réduit la résistance de ceux qui essayent de conserver leur héritage culturel. Ainsi, au cours des dernières décennies, les cultures locales ont été poussées vers un « marché mondial » dominé par la pseudo-culture de l’affairisme, ce qui a nuit énormément à la diversité culturelle. Les franchises des fast-foods, le sexe et la violence de la culture « pop » défient les cultures indigènes de par le monde.

En termes psychologiques, la pseudo-culture a un effet dévastateur sur la personnalité. Les publicités pour de nombreux produits projettent l’image d’une vie plus « moderne » et plus « agréable » que du temps de la culture indigène. Elles donnent aux gens le désir d’être riche et blanc – pour jouir du luxe dépeint dans les publicités et à la télévision. Une des conséquences de cet état de choses, est que les enfants du tiers monde considèrent leurs parents comme pauvres et arriérés, et leur culture comme primitive. Un résultat tragique de la disparition des cultures et des économies locales, est la présence de centaines de milliers de vagabonds et de prostituées dans les rues des grandes villes du monde.

La pseudo-culture brise également la volonté des peuples indigènes de résister à ceux qui pillent leurs ressources naturelles. Par exemple, l’imposition d’une langue et de coutumes vestimentaires étrangères, inciteront une certaine peuplade à considérer sa langue natale et ses vêtements traditionnels comme inférieurs à ceux des intrus. L’effet psychologique est double : non seulement la culture intruse est jugée supérieure, mais les indigènes perdent plus ou moins l’aptitude à y résister. Au contraire, ils vont même jusqu’à l’accueillir favorablement, réalisant trop tard ses effets négatifs sur leur mode de vie.

Ce type d’exploitation n’est pas uniquement réservé au tiers-monde, mais il est également pratiqué au sein des nations capitalistes. Au nom de la liberté et des droits individuels, les gens sont bombardés d’une vision matérialiste du monde, qui masque la destruction sociale et écologique causée par une économie motivée par le profit et la consommation. L’utilisation généralisée de drogues, d’alcool, de pornographie, de cigarettes, d’armes etc., particulièrement dans les quartiers pauvres frappés par l’exclusion, est caractéristique d’une telle exploitation. Les gens sont intimidés et pacifiés, ou bien se tournent vers le crime pour essayer de joindre les deux bouts. Ils perdent leur amour propre et leur identité culturelle, et le système éducatif fait peu pour résoudre ces problèmes en proposant des alternatives. À l’opposé, le capitalisme fait la promotion d’un système éducatif «neutre » qui produit les travailleurs de demain et enseigne peu la pensée critique. Les prochaines générations auront donc peu l’occasion de se démarquer du consumérisme pour développer une conscience socio-économique critique.

Le colonialisme commercial n’a pas été le seul à perpétrer ce type d’exploitation. Longtemps auparavant, les institutions religieuses ont limité le rôle des femmes dans la société, les rendant économiquement dépendantes des hommes. Maints exemples historiques de cet ordre montrent que les classes dominantes ont eu souvent recours à une telle exploitation. Cependant, à notre époque médiatique, elle a atteint un tel degré de sophistication que la plupart des gens ne sont même pas conscients d’être exploités. Au contraire, ils se blâment pour leur propre misère.