Société et état

Dans « Human Society Partie 2 » Sarkar décrit l’essence de la société, comme un mouvement à l’unisson. Tout au début de son histoire, la société se réduisait à la cellule familiale, qui fut par la suite renforcée sous la direction de mères ou pères de groupes. Puis, accompagnant une croissante complexité sociale, les chefs de groupes devinrent les reines et les rois de la période des empires. L’apparition de la religion classique fortifia le pouvoir politique, et sous la domination de la classe ecclésiastique, l’état religieux s’imposa.

Dans la période moderne, avec le développement de la classe capitaliste, l’état nation est devenu la norme. Tout au long de ce parcours, la société a petit à petit perdue son identité et son importance, et les lois, normes et valeurs sociales actuelles font peu de sens. Dans les pays démocratiques comme dans les pays totalitaires, toutes les structures sociales ont été politisées. Pourtant il serait très faisable d’élaborer des relations plus réalistes entre la société et l’état, afin de créer une atmosphère favorable à la sécurité et à la liberté.

L’objectif principal de Sarkar était de revitaliser la société, et par ses écrits et ses actions, il a clairement démontré qu’il voulait établir une « société morale » qu’il dénomma « Sadvipra Samaj ». Les structures politiques par elles-mêmes le concernaient moins, parce qu’il avait compris qu’elles continueraient d’évoluer et de changer leur caractère au cours des différentes phases de l’histoire. D’un autre côté, il sentit qu’en l’absence d’une société forte, il était virtuellement impossible de réaliser et de maintenir un haut standard moral ou de puissantes relations sociales. Pour lui, une forte société constituait un moyen d’équilibrer le pouvoir de la structure politique. Dans sa vision, la société est « une et indivisible »; c’est pourquoi il donna tant d’importance à la formation d’une structure sociale du village au niveau global.

Par exemple, lorsqu’il forma les fondations de sa propre organisation, il mit au point une structure en 35 branches, chacune d’entre elles actives du village à l’ensemble du globe. Cela signifie que chaque localité devrait comporter au moins 35 personnes pour prendre des décisions sur de nombreuses activités, évitant ainsi d’être dépendante des diktats de la structure politique.

En prenant en compte les considérations précédentes, les relations idéales entre la société et l’état pourraient se définir de la façon suivante:

  • Société est un concept plus ample que l’état. Il s’agit tout d’abord d’un assemblage d’êtres humains, et en tant que telle, devrait être considérée comme une et indivisible, au-delà des barrières raciales, religieuses, ou nationales. En contrepartie, l’état n’est qu’une machine politique au sein de la société, avec la mission de faire respecter les lois et de maintenir l’ordre (fonctions que lui a délégués la société).
  • L’état représente seulement la portion politiquement organisée de la société. La société est prioritaire par rapport à l’état. C’est un sentiment de vie collective qui crée la société, et l’état est par la suite crée par cette même société.
  • La société est universelle, et sans barrières. Mais l’état peut avoir des limites spécifiques assez souples pour être changées au besoin.

Il est nécessaire de définir très précisément la relation entre les deux structures pour faciliter la coordination et le choix d’objectifs.

Cependant, au bout du compte, seule l’évolution d’une véritable culture sociale basée sur des valeurs d’humanisme spirituel, pourra garantir le succès des institutions sociales. En effet, dans le monde occidental opulent, l’orientation matérialiste de la vie, et l’aspect marchand de la religion industrielle moderne ont créé des formes extrêmes d’exclusion, d’isolation et de crises d’identité. De leur côté, les pays en voie de développement, en plus de leurs crises économiques, doivent porter le fardeau psychologique de la passivité, des complexes d’infériorité, des dogmes religieux et autre sentiments de groupes. Ces idées étroites et stagnantes font beaucoup pour détériorer le tissu social.

Seule la création d’institutions sociales au niveau mondial avec des ramifications dans toutes les localités sera à même de faire face aux menaces provenant des oligarchies politiques et économiques, ou des religieux fanatiques. Bien sûr il est primordial pour les membres de telles institutions, d’être profondément épris d’universalisme. Selon l’explication de Sarkar, plus une personne est ancrée dans les principes moraux cardinaux, plus elle a le pouvoir d’engendrer une transformation positive d’elle-même ou de la société. Pour décrire de tels individus, Sarkar emploi souvent le terme: « Sadvipra ». Ainsi tous les intellectuels idéalistes et toutes les personnes spirituellement libérées, (d’une grande intégrité morale et non motivés par le profit personnel, devraient s’organiser pour former la nouvelle structure sociale. Leur direction est vitale pour créer l’unité sociale.