Un humanisme spirituel

Sarkar ne sépare pas la matière de la conscience. Au contraire, toute sa philosophie se base sur l’hypothèse que la matière n’est autre qu’une forme métamorphosée de la conscience. Poursuivant la même logique, la pensée est également appréhendée en tant que forme de conscience, (ce qui s’oppose à la vision courante de la conscience résultat de l’activité mentale.) C’est donc la conscience qui est la cause sous-jacente de notre réalité physique ou psychique. Elle est aussi la force qui nous pousse vers la rationalité, l’intégrité morale et la sagesse spirituelle.

La spiritualité et la moralité n’a rien à voir avec les dogmes religieux et la foi en Dieu. Toutes les religions sont des systèmes dualistes qui séparent les humains de leur créateur et de la création. (Il est à noter que même les défenseurs de la raison qui se sont rebellés contre la théologie, – Descartes, Leibnitz et Kant -, n’ont eux-mêmes pu échapper au cercle vicieux du dualisme.) Brandissant l’épouvantail de la damnation éternelle, les religions ont forcé les gens à se soumettre à la « volonté de Dieu », ou à un code éthique théologique, approuvé par les écritures et défini par les institutions religieuses. Ici, la moralité n’est qu’absence de liberté.

D’un autre côté, une philosophie basée sur les valeurs morales et spirituelles, serait plus à même d’expliquer l’existence humaine dans son intégralité – avec ses désirs, émotions, instincts, intuition, volonté et raison – et ceci, d’une manière accessible à la compréhension humaine. Une telle philosophie est nécessaire pour construire de nouveaux organismes sociaux et institutions politique capables de développer des relations harmonieuses entre toutes les races et groupes culturels, de même qu’entre les êtres humains et toutes les entités animées et inanimées qui peuplent notre monde. Pour Sarkar, l’existence humaine est à la fois physique, mentale, et spirituelle. Il définit le progrès comme une évolution vers une conscience supérieure, le but étant un état de liberté absolu. Il explique que le progrès spirituel ne peut s’achever qu’à partir d’une ferme base physique et mentale…Il est nécessaire d’ajuster cette base corporelle et intellectuelle, aux conditions changeantes du temps et de l’espace. « L’aspiration naturelle des humains est d’atteindre la liberté dans toutes les trois sphères. »

Au cours de notre marche vers la liberté, nous ne pouvons pas négliger les autres êtres vivants. Pour cela nous devons développer un système social qui permette à tous de vivre en paix, et de progresser vers l’émancipation en se libérant des dogmes et des superstitions. Cet esprit universel est aussi appelé « néo-humanisme » ou humanisme spirituel. Jusqu’à maintenant, l’histoire humaine n’a été qu’une succession de classes dominantes essayant d’accroître leur pouvoir ou leurs richesses au détriment des valeurs humaines. C’est pourquoi les temples, églises, écritures, lois, constitutions, multinationales et les accords internationaux de commerce sont devenus plus importants que les êtres humains. S’opposant à cette tendance, Sarkar maintient qu’une philosophie fondamentalement humaine est indispensable pour cimenter tout système alternatif, (et non les valeurs sociales changeantes d’intérêt personnel qui caractérisent les institutions dirigeantes d’aujourd’hui’)

Les valeurs humaines ont toujours des racines spirituelles. La spiritualité n’est pas une spéculation mystique sur la vie après la mort. C’est plutôt une réalisation de la nature de l’univers. La philosophie qui voit l’individu comme uni avec le reste de l’univers et responsable de son bien-être, est l’essence de l’humanisme spirituel. Dans son livre « Neo-Humanism in a nutshell, première partie », Sarkar écrit: « Que représente l’état, quel est le rôle de ces règlements, et à quoi sert la marche en avant de la civilisation, si les êtres humains n’ont pas la possibilité d’accéder au bien-être physique, de raffermir leur intelligence par l’étude, et d’être en mesure d’ouvrir leur cœur à l’amour et à la compassion? Si l’état constitue un obstacle au lieu de guider l’humanité vers le but de la vie, il perd toute son autorité, car l’humanité est toujours supérieure à l’état. »