Trois niveaux de propriété et démocratie économique

Dans le système économique tupiste les industries sont divisées en trois catégories selon leur dimension : industries clefs, coopératives et entreprises privées. Les plus grosses étant les industries clefs, suivies par les coopératives et en dernier lieu les commerces personnels.

Les industries clefs sont celles qui demandent un gros investissement en capital et qui opèrent à grande échelle. Par exemple le système ferroviaire et les aciéries. Les industries clefs peuvent opérer à différents niveaux de décentralisation. Alors que le système ferroviaire serait sous contrôle national, ce sont les gouvernements régionaux qui seraient responsables de la production d’énergie et de l’extraction de matières premières. De telles industries ne conviennent pas au système coopératif en raison de contraintes de taille ou de l’importance économique de la production en question. Il incombe au gouvernement local de contrôler ces industries au nom de la population. La gestion de ces industries clés se ferait sans perte ni profit, mais offrirait aux travailleurs assez de motivations pour maximiser rendement, qualité, et joie au travail.

La participation des travailleurs au management est d’ailleurs l’un des droits fondamentaux de la démocratie économique, et comme pour l’agriculture, le système coopératif est le mieux placé à cet égard. Le pilier d’une économie tupiste est donc un réseau de coopératives de producteurs et de consommateurs qui se chargeront de la fabrication et de la distribution de vêtements, logements, produits alimentaires, médicaments, appareils divers, véhicules, etc. Et le rôle d’approvisionner les plus grosses coopératives de production incomberait à de petites coopératives satellites. Par exemple, un grand nombre des pièces détachées requises pour la fabrication d’automobiles pourraient être produites par une coopérative satellite, puis envoyées à l’usine principale pour leur assemblage final. De cette manière, il est possible de développer des industries à la fois hyperspécialisées et hyperdécentralisées. L’avantage d’un tel système est qu’il suscite à la fois autonomie et franchise individuelle.

Les entrepreneurs, ou le petit commerce, forment le troisième volet de l’économie de la TUP. Ils s’occuperont de la production de biens et de services non essentiels ou luxueux tels les produits artisanaux, les bijoux, et les restaurants. Dans une situation de plein emploi, de tels commerces seront incités à bien rémunérer leurs employés, car à tout moment, ceux-ci pourraient les quitter pour rejoindre une coopérative. D’autre part, il serait demandé à tout commerce qui grandirait au-delà d’une certaine taille, de faire la transition vers la gestion coopérative.